L’exposition au Musée de l’homme est l’occasion de découvrir la passion de l'artiste pour la préhistoire alors que la découverte de la grotte de Chauvet lui est contemporaine, mais aussi d’aller visiter la deuxième exposition qui porte sur les arts de la période.
Dans le cadre du cinquantenaire de la mort de Pablo Picasso, on voit affiché dans tout Paris le tableau « Femme lançant une pierre », symbolique, rose érotique allongée entre des pierres grises de mort qui date de 1931. Dans Picasso et la Préhistoire, on en apprend beaucoup sur le rapport de l’artiste aux œuvres retrouvées de cette période. L’artiste s’est fait faire des copies de la fameuse Vénus de Lespugue (-27 000 avant JC) dès sa découverte en 1922 dans la grotte des Rideaux en Occitanie. La féminité plantureuse, la quasi-absence de visage et le caractère très stylisé de la statuette laissent en effet leurs marques dans ses œuvres peintes et sculptées, notamment les Baigneuses des années 1930.
Des œuvres de contemporains et proches comme Henri Breuil, Brassaï et Dora Maar témoignent de l’engouement de toute une époque. Des extraits des échanges de Picasso avec le photographe Brassaï nous en apprennent plus sur l’impact minimaliste de l’art préhistorique sur leurs arts : « Deux trous, c’est le signe du visage, suffisant pour l’évoquer sans le représenter… Deux trous, c’est bien abstrait si l’on songe à la complexité de l’homme… Ce qui est le plus abstrait est peut-être le comble de la réalité. »
Seul hic de l’exposition : on a du mal à déterminer ce qui vient chez Picasso des arts dits « premiers » et qu’il a justement découverts comme ses proches au Musée de l’homme et ce qui vient de la préhistoire. Là où « Picasso primitif » l’exposition qui traitait cette question des arts notamment africains sur des œuvres comme Les Demoiselles d’Avignon au Musée du Quai Branly en 2017 péchait par excès de chronologie (année par année !), riche de belles œuvres, l’exposition « Picasso et la préhistoire » pèche peut-être par une approche trop thématique qui ne permet pas d’interroger les multiples influences et leurs échos selon les périodes et les cycles.
Il n’empêche, passer le seuil du Musée de l’homme vous permettra de découvrir le pendant de cette exposition : « Arts et préhistoire ». A voir jusqu’au 22 mai, cette traversée en 90 œuvres et de vidéos d’immersion dans arts mobiles (sculptures) ou pariétaux et rupestres (cavernes et rochers) nous fait voyager de -45000 à -2000 dans le monde entier (en plus de Lascaux ou Chauvet, découvrir les peintures rouges en plein air du site chinois de Zuoijang Huashan est un choc). De quoi envisager pour soi-même une autre pensée que celle du « progrès » en art. La chronologie est là, c’est thématique, didactique et d’une richesse infinie.
Picasso et la Préhistoire, jusqu’au 12 juin 2023, Arts et Préhistoire, jusqu’au 22 mai, Musée de l’homme, Place du Trocadéro, 75016 Paris, tljs sauf mardi, 11h-19h, 10-13 euros.