Président du Sénégal de 1960 à 1980, Léopold Sédar Senghor a imaginé un « musée dynamique » pour Dakar. « Il ne s’agit pas seulement de défendre l’Art nègre du passé, tel qu’il est exposé aujourd’hui », écrivait celui dont les poèmes ont été illustrés par Pierre Soulages et Hans Hartung.
C’est à Dakar que Senghor a créé des écoles mais aussi pensé un « art nègre » (exposition de 1966) qui se voulait universel et en dialogue avec les Etats-Unis. Il a imaginé des complexes artistiques comme politiques pour mettre en avant les talents sénégalais de son temps avec de « la sève jeune et des moyens neufs ».
Soixante ans plus tard, suivre la trajectoire d’un des fondateurs de la « négritude » de sa formation en métropole aux grands travaux et grandes entreprises culturelles en son pays permet de découvrir de merveilleux artistes (dont certains témoignent) parmi lesquels Iba N’Diaye ou Ibou Diouf.
Joliment scénographiée par Marc Valle, avec une élégance et des typographies qui rappellent la fin des années 1950, l’exposition tient bien sa problématique. Le parcours étant semé de rencontres, le sous-titre de l’exposition compte beaucoup − « réinventer l’universel ». On sent qu’en nos temps « éveillés » aux questions qui semblent irréconciliables des différences, un universel même réinventé est déjà un parti pris.
L’on sort de l’exposition riche de beauté et d’informations mais un peu frustré de ne pas en savoir plus sur la proposition de réinventer l’universel à partir de l’idée de Senghor qui a quitté ce qu’il appelle « la démarche d’antiquaire » pour mettre l’art de son pays au centre de son intégrité et de son rayonnement. Cette proposition est-elle valable pour nous, aujourd’hui, sans grand « homme » pour l’imposer ?
Si vous voulez avoir tout le contexte de cette exposition, 23 ans après la mort de Senghor : en 2021, Jean-Gérard Bosio, ancien conseiller diplomatique et culturel auprès de Senghor a fait un don de ses collections au quai Branly et Marc Ladreit de Lacharrière de chez Fimalac soutient l’exposition.
Jusqu’au 19 novembre 2023.
Senghor et les arts, réinventer l’universel, Musée du Quai Branly, 37 quai Branly, tljs 10h30-19h sauf mardi, Nocturne jusqu’à 22 h le jeudi, 9-12 euros.
Visuel (c) affiche