Vendredi 28 avril au 360 Paris Music Factory, la star sénégalaise Ma Sane, s'est produite devant un public aussi métissé que la musique de son nouvel album, "Mama Essamaï". L’occasion de découvrir sa voix suave, ses ballades engagées et de danser avec elle sur les rythmes endiablés du Mbalax.
Icône au Sénégal, Ma Sane s’est faite connaître avec le groupe Waflash dans les années 1990. Elle est souvent à la télévision, tout le monde est dingue de sa voix suave et puissante et elle a même incarné Bintou Were, l’héroïne de « l’opéra du Sahel » composé par le grand Wasis Diop. Dans la salle du 360 Paris Music Factory, le public était très mélangé avec beaucoup d’enfants qui dansaient. Un seul point commun : la plupart des gens présents étaient élégants comme jamais : robes dos nu ou pieds de poule, chapeaux classes et pantalons longilignes.
Robe léopard bleue, épaulettes en fourrure, mitres en cuir et bottines vinyles pourpres : Ma Sané est sur scène une véritable apparition. Elle qui est à la croisée des cultures diola, mandingue et pulaar chante en wolof, mais elle nous fait aussi beaucoup chanter. Et elle parle en français. Elle dit sa joie d’être là, elle fait venir des collègues musiciens sur scène, et elle commente le fil de l’album que le groupe est en train de partager de manière intimiste. Bombe d’énergie, sa voix est saisissante et évolue au rythme de ses chansons. Une partie du public connaît déjà les morceaux par cœur, aussi bien les mélodies douces pleines de nostalgie que les morceaux qu’elle danse avec une grâce extraordinaire. On se met finalement tous à chanter dès l’un des premiers titres : « Fii Fe ».
Au tiers du concert, Ma Sané confie au public qu’elle a envie de chanter pour les générations qui sont en train de changer le monde, pour le respect de la planète, des choix individuels et pour le pouvoir des femmes. Pour l’aura de l’Afrique aussi, qu’elle appelle « la mère guerrière » dans un des titres phares de l’album.
Ma Sané chante aussi pour les Casamançais en guerre. Aux Sénégalais et aux Parisiens, elle raconte comment certains veulent retourner « là-bas » pour faire fructifier leur pays : vivre « ici » en exil est difficile mais « les problèmes de là-bas » existent aussi. Elle dit avec un soleil dans la voix que l’immigration est une richesse culturelle et en chantant dans sa langue, ses langues, elle illustre cette proposition de richesse et de joie qu’elle nous fait, par- delà les déracinements.
Les invités prestigieux se succèdent, on arrive à la fin de l’album et on n’a pas envie de se séparer et d’arrêter de danser. Le temps est venu d’un verre et d’un plat au restaurant convivial du 360 Paris Music Factory.
Ma Sané, Mama Essamaï, 10 titres, 41 min, sortie avril 2023